Glanages, #1

J'inaugure avec ce billet une liste de lectures rapides, glânées sur le web, sur des sujets divers mais le plus souvent en rapport soit avec le sujet de l'égalité, soit avec la paléoanthropologie (entrée qui m'a amené à considérer que l'égalité est notre état naturel), soit avec l'anthropologie ou l'ethnologie. Autant de disciplines où je ne connais rien, mais je me sens perfectible laugh. Cette liste est d'abord destinée à me servir d'archive, mais je préfère la partager. Si elle me sert, elle peut servir à d'autres. J'essairai d'en publier à l'avenir très régulièrement.

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Je commence cette première semaine par cette chanson de Joan Baez que j'ai retrouvée en farfouillant l'Internet et qui m'a replongé dans les engagements de ma jeunesse, rappelé mes amis, dont beaucoup perdus de vue, mes amies aussi dont certaines retrouvées depuis.
 
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  • « Les échos, ces révélateurs de secrets préhistoriques », article du journal Le Temps (Suisse). Il présente une nouvelle discipline, l'archéo-acoustique, qui recherche les propriétés sonores des lieux dans lesquels les hommes préhistoriques ont produit des œuvres d'art (peintures ou gravures rupestres ou pariétales). Plusieurs hypothèses sur leurs motivations, dont la sempiternelle hypothèse spirituelle ou religieuse, qui est, comme dieu pour l'explication du monde, une absence d'explication et de compréhension. Je suis étonné que les publications sur l'archéologie, sur le paléolithique, insistent autant sur ce domaine on ne peut plus hypothétique et qu'on ne rencontre jamais l'hypothèse que nos ancêtres pouvaient être curieux, faire des expérimentations, être sensibles à la sensualité des vibrations sonores ou aimer être ensemble, situation pour laquelle la musique est un élément très fédérateur. Cette propension à accoler du religieux au « primitif » et au préhistorique me fait penser à la préoccupation de Bronislaw Manilowski à propos des sculptures des panneaux proue des pirogues trobriandaises. « La question qui s'impose est de savoir si les dessins de ces panneaux ont quelque signification magique. (...) Qu'il interroge un homme du commun ou même le spécialiste de la magie de la pirogue et de la sculpture, à Kiriwina, on lui répondra toujours non. » (in Les Argonautes du Pacifique occidental, p. 203 - 204, Gallimard, 2016). En fait, l'homme est sensible au beau, tout simplement. Pas besoin de mystique pour ça.
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  • Chemins antiques et sentiers fleuris - J'ai découvert ce site grâce aux commentaires et aux « J'aime » d'une amie sur Facebook qui affichaient sur mon journal les tableaux qui l'avaient émue. L'un d'eux m'a également titillé plus que d'habitude. Parti feuilleter je me suis retrouvé scotché au site tant par la qualité de l'écriture que par celle des images. L'autrice termine une thèse sur Sainte-Marguerite (que je ne connaissais pas) mais ce n'est pas la sainte qui m'a attiré, c'est le dragon dont elle sort indemne. J'ai vécu ma petite enfance à côté d'un dragon, à vrai dire une dragonne, dont j'avais peur. Alors, pour une raison que je ne détermine pas, quand je vois des histoires de dragons ou de dragonnes, je les lis. Nadia Pla a un style remarquable, ses descriptions de tableaux permettent de les voir les yeux fermés. J'y ai passé la nuit.
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  • « Quand Zuckerberg veur faire le bonheur de l'humanité », une réflexion d'Henri Verdier sur les « missions » que se fixent les entreprises de l'Internet, en dehors de toute possibilité de contrôle démocratique, que ce soit par les États ou par les citoyens / clients / utilisateurs. Les intérêts particuliers de ces entreprises dictent la manière dont leurs algorithmes explorent et créent une copie numérique du monde réel ainsi que la manière dont ces données sont ensuite transmises. Elles ont un pouvoir immense d'orientation de la pensée et, en créant des monopoles de l'information accessible et des modalités d'y accéder elle produisent une situation de domination qui mérite d'être interrogée. De nouvelles formes d'inégalités en gestation ?
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  • Les anti-perles du bac : initiative super sympa de Françoise Cahen qui propose qu'on diffuse les perles qui valorisent les élèves (l'excellence de leurs réflexion) plutôt que celles qui les dévalorisent et les abêtissent.
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  • « Gérard Collomb : déclarer ses identifiants "ne servira pas à la surveillance des communications" » - un article de Nextinpact où le ministre de l'Intérieur nous prend pour des gogos mais, surtout, où on voit que l'État réfléchit sérieusement à créer un crime de suspicion où un suspect (aujourd'hui de terrorisme, ça effraye et justifie n'importe quoi) peut, sans être jamais condamné, se retrouver dans une contention virtuelle équivalente à une privation absolue de liberté. Il paraît qu'il était socialilste avant d'être ministre...
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  • Ils sont deux et jouent sur une seule guitare... Voici un exemple de coopération qui aurait pu illustrer mon billet sur le livre de Frans de Waal. Mais surtout, je suis resté époustouflé par la performance, donc je partage parce que voir ça crée un vrai sentiment de sympathie envers les deux joueurs et en plus ça réveille une joie intérieure :
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  • Une performance au G20 à Hambourg dont la beauté, l'originalité, la créativité et la profondeur méritent respect. Quand l'art sert les idées qui réunissent, on n'est pas déçu : 
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  • « Non, les hommes n'ont pas toujours fait la guerre » - un article de Marylène Patou-Mathis dans le Monde Diplomatique, en libre accès. Elle fait ici un excellent résumé de son livre « Préhistoire de la violence et de la guerre ». Tout à fait en rapport avec ma recherche sur l'égalité car la question de la violence est déterminante. Si l'espèce humaine est naturellement violente, alors nous sommes fondamentament inégalitaires. Si ce n'est pas le cas, nous sommes fondamentalement égalitaires. Ce livre, cet article, démontrent que l'espèce humaine n'est pas naturellement violente.
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  • « Violences policières en France sur des journalistes : Reporters sans frontières saisit le Défenseur des droits » - il est important de ne pas rigoler avec la violence « légitime » détenue par l'État et ses bras armés. Pour qu'elle soit acceptable, il convient qu'elle soit, en effet, légitime. En ce sens, tous les débordements, qu'ils soient individuels du fait de fonctionnaires mal préparés ou psychopathes ou qu'ils soient le produit de décisions relevant de l'autoritarisme, doivent être repérés, dénoncés, punis. Car le rôle de la police n'est pas seulement de protéger l'État, il est aussi de protéger les citoyens, y compris contre l'État si c'est lui qui prend le virage de la délinquance.
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  • « L'Office européen des brevets ouvre la voie à la privatisation de la nature et de notre alimentation » - les brevets, comme toute appropriation, sont l'expression d'un pouvoir. Au service de ceux qui ont déjà le pouvoir ou un pouvoir qui est une puissance réelle, ils devient les outils d'une spoliation. L'appropriation est une des sources des inégalités, elle se produit toujours par la violence, que celle-ci soit brutale ou légale n'y change rien, il est des légalités dont la brutalité est pire encore que celle du criminel, car elles s'appliquent à tous et spolient chacun, et sont portées par des structures dont la puissance est sans commune mesure avec celle des individus.
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  • attention.png« Más « Out of África-s » y más mestizaje en las poblaciones neandertales » - ça paraît anodin, mais c'est vachement important ! C'est tout à fait en phase avec le livre de Marylène Patou-Mathis sur « Le sauvage et le préhistorique, miroir de l'homme occidental ». Le Néandertalien était présenté comme l'homme européen. Né ici, il a évolué ici et a disparu ici. Des théories récentes prétendaient même que l'arrivée tardive de l'homme moderne (nous) en Europe était dûe à la « barrière » que représentaient les Néandertaliens : à l'affût, ils ne laissaient pas passer les Africains que nous sommes il y a 60.000 ans environ, lors du Out of Africa qui semble être à l'origine du peuplement actuel de la planète. Les Néandertaliens étaient alors 10.000 individus répartis sur toute l'Europe et la moitié de l'Asie dont le Moyen-Orient. Cette théorie émerge justement alors que l'Europe se ferme aux réfugiés et immigrés africains qui meurent par milliers en cherchant à traverser la Méditerranée. La correspondance et la simultanéité devraient interroger et on devrait se demander si la science n'est pas, comme elle l'a été au XIXe siècle pour  justifier l'esclavage ou la colonisation, l'instrument d'une idéologie de l'isolement de l'Europe traînant les relents de la « race supérieure » qu'il convient d'épargner des métissages. Badaboum, nous dit cet article, voilà que les Néandertaliens se sont déjà mélangés avec des homo sapiens archaïques, nos ancêtres. Ce qui expliquerait la grande proximité de leur ADN et du nôtre, ces métissages ayant été plutôt fréquents jusqu'aux tout derniers avant leur mystérieuse disparition. Néandertal n'était donc pas la pure espèce européenne, il était, comme nous et tous les humains avant et après nous, le produit des galipettes (plutôt intenses et fréquentes apparemment) de tous ces hominidés qui allaient et venaient en tous sens et profitaient dans la joie et la bonne humeur de la moindre rencontre. Il manque encore un truc, mais je crois qu'on va y venir : il n'y a pas "des" espèces humaines, il y a une espèce humaine qui a varié dans le temps et dans l'espace, exactement comme nous varions nous-mêmes dans la grande diversité des êtres humains sur terre, par nos compétences, nos facultés, nos tailles, nos adaptations à tel ou tel environnement, nos couleurs, nos langues et même la forme des yeux. Ces mélanges permanents entre hominidés montrent bien qu'il n'y a aucune barrière des espèces. Nous sommes tous humains, dans le temps et dans l'espace, et tous égaux grâce à nos différences. En anglais un article qui traite du même sujet pour ceux qui ne lisent pas l'Espagnol : « Deeply divergent archaic mitochondrial genome provides lower time boundary for African gene flow into Neanderthals »
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  • « Orwell et la décence ordinaire, avec Bruce Bégout » - une émission de France Culture sur la proximité de Georges Orwell avec les « gens du commun », proximité rare pour un intellectuel à cette époque. Cette émission et le rappel des considérations de Georges Orwell sur le « sens moral » qu'il considérait inné chez les gens simples. Il glorifiait les vertus des gens de peu et cette émission tombait à point nommé au moment où notre jeune et fringant président de la République qui a tout réussi a eu sa saillie sur les « gens qui ne sont rien » et qu'on croise dans les gares.
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  • « Réfugiés. "Des atteintes au droit d'une exceptionnelle gravité" » - article de l'Humanité sur la situation faite aux réfugiés à Calais. Où on ne peut pas manquer de penser à l'article ci-dessus sur le métissage des Néandertaliens avec les Africains que nous étions à l'époque. Ces "atteintes au droit" ne sont pas des bogues de l'action publique : c'est l'action publique elle-même. Telle qu'elle a été décidé au plus haut niveau de l'État. C'est l'image de ce que nous sommes quand nous avons à faire avec les autres, l'Autre que l'on retrouve dans ce billet. Tout se tient. Quand je vous dis que ce sont les idéologies ségrégationnistes théorisées au XIXe siècle qui  nous gouvernent...
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